L'histoire d'EST FM
EST FM ne s'est pas faite en un jour...
On peut même dire que les péripéties ont été nombreuses pour aboutir à la radio que vous connaissez et que vous appréciez aujourd'hui.
Ouvrons ensemble une page d'histoire ; l'histoire d'une passion bien sûr :
Fin 1981, Bernard DOLTER, âgé de 15 ans, commence sa carrière radiophonique tout en poursuivant ses études. " Le week-end, on partait en famille à Puberg, c'était un peu ennuyeux, il n'y avait pas vraiment de copains, et un jour je me suis dit, pourquoi ne pas créer une radio ici "
Doux rêve ou prémonition ? Le projet prend forme dans son esprit…
Sur sa mobylette, il part à la rencontre du Maire du village qui lui explique gentiment qu'il y a déjà des radios un peu partout.
Loin de se décourager, il crée une association, dont il ne sera pas Président tout de suite, du fait qu'il n'était pas majeur. Entouré de la famille et d'amis, les courriers pleuvent dans les diverses Mairies pour demander des subventions. Fin de non-recevoir de la part de tout le monde.
" Cette radio, quoi qu'il arrive, je la ferai. "
Pendant ses études, il crée une radio locale au Lycée Jean-Jacques Rousseau de Cronenbourg, un quartier de Strasbourg, et s'attire par son projet la sympathie du Proviseur et des Conseillers d'Orientation qui l'encouragent pour cette initiative, qui permettra aux lycéens de communiquer vers l'extérieur. L'expérience s'est malheureusement arrêtée dès le départ de ce dernier du lycée.
En 1984, un petit émetteur est installé dans la maison familiale de Puberg.
Les premières émissions commencent.
" les seuls auditeurs étaient ceux du restaurant d'alors, et les maisons que l'on voyait à l'œil nu, autrement dit moins de 50 personnes "
En 1986, un ami lui propose un émetteur d'une petite puissance et une antenne, pour une location minimum.
De ce fait, avec le petit matériel existant, la radio pouvait se targuer d'être équipée pour commencer à émettre dans de bonnes conditions.
Retour chez Le Maire du Village, qui cette fois, écoute plus attentivement le projet et le soutient en mettant à disposition de la petite équipe un local situé au village, dans l'ancienne laiterie, et un toit juste à côté pour l'antenne. Un coup de peinture et EST FM prenait cette fois çi vie pour de vrai en émettant sur une vingtaine de communes aux alentours. Une grille des programmes est mise en place, de nombreux bénévoles du village et des alentours mettent la main à la pâte.
" Quelques semaines après, une habitante du village qui venait souvent nous gâter en petits gâteaux ou encore en apéritif, me dit, j'ai de la place chez moi, deux grandes pièces non aménagées. Si vous faites les travaux, je vous laisse ce local gratuitement "
Les amis et sympathisants de la radio n'ont pas chômé et ce local fut terminé et investi très rapidement.
Un pylône fut trouvé et installé sur cette même maison. Un nouvel émetteur acheté grâce à la création d'une agence de publicité par Bernard DOLTER qui investit énormément dans la radio permit une couverture et un développement plus important de la radio. Les associations se bousculaient à la porte, les communes qui ne croyaient pas à la réussite d'EST FM au départ, en ont fait autant..
La radio continuait son petit bout de chemin, jusqu'à fin 1988, ou un courrier émanant de la CNCL, instance d'alors qui autorisait ou non les radios locales indépendantes à émettre, signifiait l'interdiction.
" Je venais d'investir, j'envisageais des embauches et patatras, tout s'est écroulé en deux secondes, tout ce long chemin pour rien "
Des courriers et des messages à la radio pour avertir les responsables locaux, les auditeurs, ont permis un soutien massif, puisque plus de 8000 signatures furent récoltées pour soutenir EST FM. FR3 Alsace s'était déplacée pour réaliser un reportage, et l'actualité EST FM fut diffusée par ce média.
Bernard DOLTER malgré le risque encouru d'émettre sans autorisation, poursuit quand même.
" Il n'y a plus rien à perdre, et de toutes façons, je respecte les engagements pris à l'égard des partenaires qui ont signé des contrats de publicité "
L'équipe se met à fondre comme neige au soleil et lors de la saisie, le 30 Juin 1989 à 9 heures du matin, il n'y avait qu'une seule personne au studio, Hélène qui dit les derniers mots pensant comme tout le monde conclure une belle histoire. 3 brigades et un substitut du Procureur s'étaient quand même rendu sur place pensant peut-être avoir affaire à de dangereux malfrats.
Il est vrai, que l'accueil prévu et promis en cas de saisie par de nombreux responsables locaux devait paraître menaçant. Malgré les promesses, seul un Conseiller Général du canton voisin fit irruption pour demander des explications au Substitut.
" Je me rappelle de cet événement qui fut exceptionnel et d'un grand réconfort pour moi. au risque de griller une carrière politique, il fut le seul et unique à réagir de cette manière "
Bernard DOLTER fut convoqué au Tribunal pour répondre " d'émissions illégales, etc… "
Et c'est au Tribunal correctionnel de Saverne qu'il se rendit, accompagné de sa famille, de son avocat et de quelques mais trop rares sympathisants.
" Au Tribunal correctionnel, c'était hallucinant, je passais juste après un repris de justice qui frappait sa femme ! ! ! Je peux vous garantir, que de se retrouver là comme un vulgaire criminel, ça fait très peur. "
La " sentence tomba ". Incompétence du Tribunal pour juger cette affaire, mais le matériel saisi ne bouge pas du Tribunal.
Bernard DOLTER fait appel, le Ministère Public aussi, c'était en effet une défaite pour le CSA qui avait repris le flambeau et était obligé de faire appliquer la décision de la CNCL.
Quelques semaines plus tard, retour au Tribunal d'Appel de Colmar où après maintes réflexions, la décision de condamner Bernard DOLTER à 10 000 frs d'amende mais à restituer le matériel fut pris.
" Malgré l'amende, ce fut quand même une petite victoire, même si nous ne pouvions plus émettre ".
De nombreux courriers et de nombreux contacts furent gardés avec le CSA.
Durant toutes ces années de silence, on espérait toujours dans l'ombre la résurrection de ce formidable outil qu'était EST FM.
" Il fallait en attendant, rembourser les investissements, payer l'amende, bref trouver du travail, ce que j'ai fait ".
Vendeur d'espaces publicitaires dans la presse gratuite, puis animateur et responsable des programmes d'une radio locale située sur Haguenau, plus rien ne laissait penser son retour dans la région.
En 1994, un appel d'offres est lancé sur toute l'Alsace. En en prenant connaissance, il décide de remonter un dossier pour EST FM.
Entouré de sa famille, le dossier est rédigé puis envoyé.
" Je n'ai pas les moyens d'investir dans l'immédiat, et puisque nos Élus dans le temps nous avaient promis de l'aide si EST FM revenait, allons frapper à leur porte "
Ce qui fut fait.
Un dossier fut en effet présenté devant nos Élus, avec à leur tête le Président de la Communauté de Communes.
" Il me semblait un peu bizarre de ré expliquer devant tous ces Maires le fonctionnement d'une radio comme EST FM. Le plus troublant a été d'entendre dire de la bouche d'un personnage important, qu'il serait plus judicieux de rediffuser un programme d'une radio Nationale qu'il n'arrive pas à capter chez lui "
Néanmoins, la Communauté de Communes du Pays de La Petite Pierre décida d'acquérir du matériel et de le mettre à sa disposition pour aider le démarrage de la radio.
Bernard DOLTER, à côté de tout cela, continuait son métier d'animateur et responsable d'antenne sur la radio Haguenauvienne, en confiant à Hélène la direction de l'antenne d'EST FM, poste qu'elle occupe toujours aujourd'hui.
L'aventure de salarié allait s'arrêter pour lui. En effet, la station de radio dans laquelle il officiait, fut vendue à un groupe National. Tout le monde fut remercié.
Pour ne pas rester inactif, il décida de monter une structure commerciale autour d'EST FM.
" Cette structure, non seulement me permettait d'acquérir une vraie situation, mais aussi de développer EST FM "
DBCom était née. Cette agence de conseils en publicité allait permettre à EST FM de profiter d'une réelle structure commerciale. En effet, toute publicité devant être diffusée sur EST FM ne pouvait plus passer outre DBCom.
En 1998, un nouvel appel d'offre à candidatures partiel fut lancé par le CSA. RTA et d'autres radios avaient vendu leurs stations à des groupes Nationaux.
" Il fallait réagir, et vite, une fréquence m'intéressait particulièrement, celle de Saverne. C'est pourquoi, en quelques heures le dossier fut monté et envoyé au CSA "
Quelques semaines plus tard, la dite fréquence de Saverne fut attribuée à EST FM.
Depuis EST FM bénéficie de trois fréquences, la première située à Puberg, la seconde en guise d'émetteur de confort pour Ingwiller et la troisième à Saverne.
" La prochaine demande sera pour Strasbourg, même si je sais que la bataille sera rude, les fréquences étant rares et les candidats nombreux. "
Une radio comme EST FM coûte beaucoup d'argent, et seuls les dons des auditeurs et des associations ou encore la publicité servent au financement de cette structure qui emploie du personnel et de ce fait participe à la lutte contre le chômage et la désertification des campagnes.
Malgré les nombreuses propositions de rachats ou de partenariats, EST FM tient à conserver son indépendance.
C'est là toute la différence avec les autres radios existantes sur le secteur.
DEPUIS TOUT CE TEMPS, LES CHOSES ONT BEAUCOUP ÉVOLUÉ